samedi 25 juillet 2009

vendredi 17 juillet 2009, 22h55

Mon joli brin d'amour,

ton papa vient de s'endormir sous mes caresses, un soupir de plaisir et un regard qui chavire vers la volupté, le sommeil l'a gagné alors que je reprenais mon souffle.

tu tends mon ventre déjà si rond, mes seins sont comme deux outres qu'il n'arrive pas à soulager malgré ses tétées si goulues, tu me remplis par ces trois formes dodues, un ballon et deux balles qu'on croirait prêtes à exploser.

En moi tu bouges aussi, faisant tienne cette chambre de chair, écoutant mes entrailles et les échos de nos voix, goûtant aux mêmes saveurs que moi, ressentant les ondes qui traversent tout mon être d'émotions, sensations et autres sentiments fugaces ou permanents.

Tu es le gardien de mon être intime, réagissant à mes humeurs, les joies et les peines qui s'emparent de moi à toute heure, collectant déjà chaque instant de nos vies pour en faire tes premiers souvenirs, ta jeune mémoire d'être humain.

Comme ils ont raison, les peuples dits primitifs qui comptent l'âge d'une personne à partir du tout premier jour de sa conception (les Indiens ? d'Amérique ou d'ailleurs ? du Nord ou du Sud ?) car c'est sûr, tu es là, bien présent(e), bien réel(le), me rappelant sans cesse ton existence - encore fragile mais ô combien importante - et ton évidente volonté de venir bientôt nous découvrir "pour de vrai", en clignant tes petits yeux malicieux vers nos regards impatients de te connaître.

Tu es aussi, et j'essaierai de te rendre ce rôle le plus léger possible, mon égérie depuis maintenant près de neuf mois, puisque c'est mi-octobre que j'ai commencé à te parler, à t'écrire plus exactement, à reprendre le fil interrompu quelques mois de mes poussées de fièvres scribouillardes.

Grâce à toi, la plume glisse à nouveau, les pages s'amoncellent dans l'ordinateur, le flux est en phase ascendante, même si l'écriture concrète ne se fait pas aussi régulière que je l'aimerais, au moins mon esprit travaille à créer, phrases après phrases, les grandes ébauches d'un quelque chose à venir - roman, nouvelles ? rien n'est formalisé encore, se profile juste en moi la structure vague mais bien étayée déjà d'une création.

Plusieurs personnages m'habitent déjà le cerveau, mais ne t' inquiète pas, ils ne sauront usurper ta place qui est évidemment la plus douillette, confortable et soigneusement préservée - même si comme toi ils fabriquent leur propre réalité, la leur ne sera jamais que de papier, n'aie crainte, ils ne pourront jamais lutter dans mon coeur contre toi, ta présence magique et notre relation d'amour qui a commencé il y a si longtemps déjà.
Et puis ton papa sera là pour me défendre de laisser qui que ce soit te priver de l'attention ou de toute la tendresse que je te dois, que je veux te donner toujours.

Tu me fais exister, cher bel amour que je porte, tu me donnes à vivre ce que j'espère depuis si longtemps, la plénitude de femme en même temps que l'assurance de mes capacités à t'aimer, t'élever, te protéger, te guider sur le chemin tortueux du vaste monde, en même temps que me donner la force de continuer sur la voie que j'ai trop souvent dédaignée, délaissée, abandonnée même aux heures les plus tristes, ne sachant trouver l'énergie de me consacrer à l'élan créateur, ne pouvant donner libre cours à toutes ces pulsions d'écriture qui me rongeaient le cerveau de leurs petites dents pointues.

Maintenant, je sais qu'en t'appelant de mes voeux les plus chers, en réussissant à convaincre ton papa d'entamer cette merveilleuse aventure, je nous ai aussi accordé le droit d'exister, à toi en premier, suivi(e) de près par tous ces êtres fictifs qui peuplent mon esprit depuis tant d'années, emprisonnés par mes renoncements, mes craintes et tous les a priori que la vie moderne a su fabriquer contre eux.

Toutefois, je ne me leurre pas, je sais qu'il est encore assez éloigné le temps où aura lieu le véritable passage à l'acte, m'asseoir des heures durant à l'écritoire - qu'il soit de papier ou informatique - pour entamer ce long processus de création finale, ou du moins avec une fin en soi, un but avoué et concrètement posé.
Mais comme de la fin d'un passage obscur, je n'ai certainement jamais été aussi proche de l'aboutissement - peut-être n'est-ce que d'une étape - mais j'aperçois en moi, ou tout à côté, les lueurs d'un commencement...

Les fruits mûrissent lentement, ou bien sont-ils déjà mûrs depuis longtemps - ce jour d'avril 2005 ? - et ne les ai-je pas vu germer depuis, il y a comme une jeune pousse verte qui va bientôt percer l'humus, le terreau où elle a puisé ses forces depuis plusieurs années, pour enfin accéder à la lumière et ériger en pleine clarté les tendres feuilles qui deviendront les ramures qui frémissent au souffle de ma vie.

Mains dans la main de Gabriel Garcia Marquez, JMG Le Clézio, Nancy Huston ou Jim Harrison, John Irving ou tant d'autres que j'ai lus et aimés depuis tant d'années de lecture, vous formez la ronde qui va savoir m'entraîner vers moi-même et donner enfin sens à tout ce que je pressens au plus profond comme étant le pourquoi de mon existence.

Tiens bien ces mains dans tes quenottes, douce princesse de mon coeur, elles sont les meilleurs guides et les plus habiles interprètes du monde tel que nous devrions tous pouvoir le comprendre un jour.

La tempête s'est éloignée et les champs respirent une nouvelle fraîcheur après la pluie, dans la maison calme chacun de mes amours dort tranquillement, je veille encore un peu pour finir ces quelques lignes en attendant le sommeil qui me mènera au doux monde parallèle où nos vies se reconstruisent à chaque rêve.

seuls les chats pourraient nous raconter...

dans dix minutes le début d'une nouvelle journée.

je t'aime